Nous vivons une époque formidable !

N'y voyez pas là un cynisme désabusé ni un optimisme béat, je m'explique...
Tous les signes montrent que nous avons changé de modèle de société. Je pense que nous vivions dans un modèle dans lequel le savoir était

• source de pouvoir : Je sais, tu ne sais pas, donc je suis supérieur. Je retiens l'information et la donne à ma guise à des fins de domination, pour assoir ma position sociale, mon renom, la légitimation de mon emploi, etc...

• une ressource économique : Je sais, tu ne sais pas, donc je te vends un peu de mon savoir mais pas trop afin que tu restes économiquement dépendant.

Nous migrons, j'en suis sûre, vers une société de contribution, d'échange et de partage, d'où mon optimisme face à l'avenir ! Voyez donc...

Qu'observe-t-on ?

Les encyclopédies libres : le pouvoir donné à des spécialistes reconnus, à une élite triée de choisir quelle est la vérité à transmettre officiellement a explosé. Les encyclopédies libres transmettent l'information par toute personne non sélectionnée qui pense avoir compétence sur un sujet donné. Les désaccords sont connus de tout lecteur. La lecture de l'historique permet de situer également la progression de l'article dans le temps.

À propos du savoir toujours, je remarque le (re)développement de l'Université Populaire :
"L’Université Populaire de Lyon s’inspire de la tradition des Universités Populaires au XIXe siècle telle qu’elle a été réactivée par le philosophe Michel Onfray avec la création de l’Université Populaire de Caen en octobre 2002". http://perso.wanadoo.fr/michel.onfray/accueilup.htm)
"Le savoir n’est pas un objet réservé à une petite caste. C’est une jouissance qui peut être partagée et transmise. Et chacun a le droit d’y goûter à sa guise."Ces phrases sont extraites du site de l'Université populaire de Lyon http://uplyon.free.fr
Un savoir de très haute qualité y est émis sans inscription, sans avoir ciblé un public autre que celui qui désire y accéder.

Les formations professionnelles ont évolué. De la classique organisation qui permet de faire migrer le savoir d'un enseignant à un public ignorant, nous évoluons vers des actions qu'on ne sait même plus bien nommer : form'action, atelier, échange de pratique, rencontre professionnelle... Le savoir est partagé entre tous et mutualisé au profit de chacun.

L'acquisition du savoir se fait également hors cadre : J'apprends dans le bus ce qu'est un blu-ray (http://fr.wikipedia.org/wiki/Disque_Blu-ray ), au cours de dessin l'existence de Doodle (http://www.doodle.com/main.html) et celle de Viadéo (http://www.viadeo.com/fr/connexion/) par une amie en recherche d'emploi. Ce qui pouvait être des faits anecdotiques se montre de plus en plus fréquemment.

Tout se passe comme si l'intelligence collective se mettait réellement en place. Et tout change dans la notion d'échange, notamment dans le fait qu'il n'y a plus de contrepartie directe, ni de destinataire direct à la production. Les informations sont reprises sans retour demandé. Pierre donne à Paul, mais Paul contribuera sur un autre plan auprès des travaux de Cunégonde, qui elle-même participera à aider .... La boucle n'a pas plus besoin d'être bouclée pour être satisfaisante.

Les rencontres des acteurs de l'Internet à Autrans (http://www.autrans.net/spip/ ) avaient pour thème "Comment coproduire et organiser les connaissances ?" Si trois jours denses d'échanges ont eu lieu sur ce thème, c'est vraiment que c'est dans l'air du temps.

Certains monopolistes du savoir ont vécu. Les journalistes ont perdu le monopole de d'information, chacun peut produire aujourd'hui une webTV, filmer un événement avec un portable; Les médecins ont perdu celui du médical, les enseignants celui de savoirs tous courts L'ANPE a perdu celui de la recherche d'emploi, on cherche également par réseau, viadéo entre autre, ou chacun peut contribuer aux besoins des demandeurs.
Et pourtant, le professionnalisme de chacun est indiscutable et absolument nécessaire.

À mon sens, ce qui explose aujourd'hui, ce sont les modes de pensée rigides, pyramidaux et les structures qu'ils ont générées. Il serait dommage que l'Information Jeunesse soit entrainée dans leur chute.

Il serait idiot qu'il meure dans la tourmente que nous vivons aujourd'hui, tout simplement parce qu'il est complètement adapté au monde coopératif de demain.
Nous avons perdu le monopole de l'information généraliste des jeunes puisque l'information est de partout. Et pourtant, nous savons à quel point nous sommes utiles. Nous avons compris depuis longtemps que nous n'avions plus emprise mais toujours compétence en matière d'information des jeunes. Nous avons adapté nos comportements professionnels, nous avons suivi cette mutation par nos interrogations constantes. Nous savons que le travail coopératif est plus pertinent que la somme des travaux individuels et que les jeunes sont une ressource et non un problème. Nous savons co-construire avec eux et les accompagner dans la construction des éléments qui leur permettront de bâtir le monde de demain.

Sur quoi va-t-on déboucher ? Je ne suis pas devin, juste un peu optimiste sur ce qui peut se produire, humainement, parlant au-delà du gâchis considérable que nous commençons à constater.

C'était la réflexion du jour !
Et puis hop ! Tout ce qui n'est pas donné est à jamais perdu. Proverbe hindou, du temps où l'Internet n'existait pas.